jeudi 19 mai 2011

un lac immense et blanc de michèle lesbre

un lac immense et blanc de michèle lesbre

« Je réinvente ma vie dans le désordre en mélangeant les temps, les lieux, les êtres chers, mais c’est tout de même ma vraie vie. Peut-être que cette journée est un cadeau plutôt qu’un empêchement et un rendez-vous manqué. J’attendais l’Italien, c’est Antoine qui est venu, dans le silence de la ville qui est une autre ville, lointaine et familière à la fois M.L. ».

court récit en forme de rêverie poétique à la recherche de son passé ... et de soi-même !

lundi 9 mai 2011

un amour classique de yu hua

un amour classique de yu hua

"Un enfant de quatre ans, en provoquant accidentellement la mort de son cousin, déclenche une série de vengeances qui anéantira une famille entière. Un jeune lettré, candidat aux examens impériaux, qui traverse sur son chemin une ville florissante et y rencontre, comme en rêve, une merveilleuse jeune fille, retrouve quelques années plus tard une terre dévastée, en proie à la famine, et la jeune femme transformée en viande de boucherie... Un personnage à l'identité incertaine nous parle d'une présence féminine qui le hante, peut-être celle de Yang Liu, la jeune fille morte en lui léguant ses yeux... Dans un café, deux hommes ont assisté à un meurtre. Leur relation épistolaire, nourrie d'hypothèses sur les mobiles de ce crime, s'achèvera en tragédie...
Oniriques et cauchemardesques, ces " petits romans " où se devine parfois l'influence de Kafka ou de Borgès ont fait connaître Yu Hua dès la fin des années 1980. Ecrits au lendemain d'une période dramatique de l'histoire chinoise qu'ils désignent sans la nommer, ils allient la puissance de l'imaginaire à la profondeur de la réflexion métaphysique, et proposent une vision fantastique et troublante de la Chine contemporaine.
" (4ème de couverture)

j'avoue ne pas avoir tout compris de ce recueil de 4 courts romans (ou 4 longues fables) mais j'ai été scotchée par l'écriture magnifique -on a souvent l'impression d'admirer un tableau :
Liu Sheng marchait sur une grande route jaune. Il se rendait à la capitale pour se présenter aux examens du mandarinat. Il portait une robe de toile vert sombre plissée dans le bas, un petit chapeau délavé et une ceinture de soie vert foncé nouée autour de la taille. On eût dit un arbre couleur émeraude déambulant sur la grande route jaune. C'était le printemps et, à perte de vue, pêchers et saules rivalisaient de splendeur parmi les champs de mûriers et de chanvre. Des chaumières entourées de haies de bambous s'éparpillaient de tous côtés dans la campagne. Un soleil radieux s'élevait haut dans le ciel et ses innombrables rayons d'or, comme des fils de soie sur un métier à tisser, se déployaient dans un ordre parfait.
- et terrible
Ayant perdu son enveloppe cutanée, le tissu adipeux jaune d'or s'épancha. Tout d'abord, il se gonfla légèrement comme du coton, puis commença à s'écouler, se dispersant dans tous les sens comme de la boue. Alors les médecins eurent l'impression de voir le champ de colza sous le soleil qu'ils avaient aperçu à l'entrée peu de temps auparavant.
même si j'ai été bouleversée par l'horreur narrée et perdue dans les métaphores probables ...

jeudi 5 mai 2011

aigle de aziz chouaki

aigle de aziz chouaki

"Jeff quitte son Algérie natale pour Paris. Sans un sou, il se retrouve empereur de la faune qui hante les Halles. Fou de littérature, il décide de participer à un concours de nouvelles, imagine des personnages, une intrigue...
Hasard objectif ou magie de la fiction ?
Jeff rencontre sur son chemin les personnages qu'il a créés. D'étranges rapports se tissent alors entre eux et lui, teintés d'érotisme, d'ésotérisme et de gangstérisme.
Prométhée de l'écriture, Jeff mène ce ballet mégalo et impose à chacun de vivre exactement comme il l'a imaginé.
Fantasme et réalité se télescopent en une mise en abyme brillante, puzzle bariolé où les pièces narratives se remettent peu à peu en place.
L'enjeu du roman prend la forme d'une exploration de tous les possibles de l'écriture.
" (4ème de couv')

petit trésor de 260 pages découvert un jour abandonné sur un trottoir et que j'ai recueilli, de même le personnage au hasard de sa route découvre l'annonce d'un concours de nouvelle dans une revue littéraire abandonnée sur le sol parisien ...

l'écriture est inventive, intelligente, interpellante et innovante, le récit labyrinthique et onirique, on ne sait plus où commence la réalité et où se termine le rêve ... et j'ai positivement adoré

mardi 3 mai 2011

la délicatesse de david foenkinos

la délicatesse de david foenkinos

"« François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m'en vais. C'est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n'est guère mieux. On sent qu'on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu'un jus ça serait bien. Oui, un jus, c'est sympathique. C'est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l'orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. le jus d'abricot, ça serait parfait. Si elle choisit ça, je l'épouse…
– Je vais prendre un jus… Un jus d'abricot, je crois, répondit Nathalie.
Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité. »
"La délicatesse" a obtenu dix prix littéraires et a été traduit dans plus de quinze langues.
" (4ème de couv')

un joli roman d'amours, au pluriel, puisqu'une seconde chance sera donnée à nathalie, roman que j'ai lu en revenant de rennes, et qui est (pourtant) beaucoup plus qu'un roman de gare, mais bien un livre tout en délicatesse et en subtilité

lundi 2 mai 2011

soie de alessandro baricco

soie de alessandro baricco

mon deuxième d'alessandro baricco et très certainement pas le dernier ! j'aime cette écriture en finesse, ces non-dits et ces secrets

"1861. Le sud de la France. Hervé Joncour achète et vend des œufs de vers à soie qu'il va chercher pour le compte de Baldabiou, en Syrie et en Égypte d'abord, puis plus tard au Japon, à l'autre bout du monde. "Un jour Baldabiou avait tenu dans sa main un voile tissé avec un fil de soie japonais. C'était comme ne rien tenir entre ses doigts." Un incroyable voyage ! Vienne, Budapest, Kiev, les monts d'Oural, le lac Baïkal, le fleuve Amour, et Capo Teraya, sur la côte ouest du Japon. Au bout du monde, Hervé Joncour rencontre une jeune fille, un regard "avec une intensité déconcertante". Ce voyage vers le Japon, vers ce regard, Hervé le fera inlassablement, années après années. Répétition des gestes, des images, chaque fois est un éternel recommencement ; les mots reviennent, inaltérables. Un texte sensuel, aérien, comme une étoffe de soie. "

mais hervé n'est-il pas allé au bout du monde pour trouver ce qu'il avait en fait chez lui ? le rêve serait-il plus fort et ferait-il aller plus loin que la réalité ? pour ce qui me concerne, j'en suis persuadée ...!