la baleine de ray bradbury
la 4ème de couv' : "En 1953, Ray Bradbury est appelé dans les environs de Dublin par John Huston pour écrire le scénario de Moby Dick. C'est à une triple confrontation qu'est alors soumis celui qui n'était encore que l'auteur relativement obscur des
Chroniques martiennes, de
Fahrenheit 451 et d'un certain nombre de nouvelles. Confrontation avec un monstre sacré du cinéma américain, un homme au formidable appétit de vivre, à l'humeur fantasque, aux plaisanteries truculentes ou cruelles ; confrontation avec cet autre monstre qu'est l'animal mythique imaginé par Melville ; confrontation, enfin, avec un pays où le merveilleux et le loufoque sont toujours prêts à surgir de la grisaille du quotidien.
Troisième volet d'une autobiographie romancée inaugurée avec
La solitude est un cercueil de verre et poursuivie avec
Le fantôme d'Hollywood,
La baleine de Dublin délaisse le cadre du roman policier pour une forme plus poétique, une mosaïque de personnages hauts en couleur, d'anecdotes épico-burlesques, de considérations sur l'âme irlandaise qui sont autant d'étapes d'une sorte de rite de passage : celui d'un jeune écrivain qui, au contact d'un grand cinéaste, d'un grand romancier et d'un pays un peu fou, entrera en pleine possession de son propre génie."
ray bradbury nous a hélas quitté la semaine passée, le jour même où je suis allée chercher le livre la baleine de dublin à la médiathèque après l'avoir commandé à la réserve centrale pour l'un des lecteurs de
délidémo
comme depuis mes 18 ans j'adore cet auteur et que je n'avais jamais encore lu la baleine de dublin, et en attendant l'heure de mon rendez-vous avec "mon lecteur", j'ai bien entendu dévoré ce livre ! quel régal ! quel bonheur ! que de plaisir !
c'est l'histoire romancée de ray bradbury allé rejoindre john huston en irlande pour écrire le scénario de moby-dick d'après le roman de herman melville
c'est croustillant, délicieux, cruel, subtil, irréel, fantastique et fantasque et ça vous donne deux envies furieuses :
- foncer en irlande pour découvrir les irlandais et leur pays si cela n'est déjà fait
- voir et/ou revoir le film de john huston
en tout cas, lisez ce livre !
"Avant de partir, parlez-nous un peu des Irlandais, maintenant. Avez-vous réussi à nous mettre les points sur les
i et les barres aux
t? quelle définition donneriez-vous de ...
- L'imagination", coupai-je tranquillement.
Silence. Tous attendaient.
"Oui, l'imagination, repris-je. Car enfin, tout va de travers, ici! Sincèrement, où vivez-vous? Sur une île grande comme une chiure de mouche, à neuf mille milles au nord de nulle part! Richesses naturelles? Aucune! Ressources? Une seule : le génie plein de ressources, justement, qui se niche dans chacune de vos têtes. Cette cervelle en or massif! L'esprit qui se lit dans les yeux, les mots qui déferlent sur la langue en réaction à des événements si infimes qu'ils passeraient par le chas d'une aiguille! vous glanez de tout à partir de rien. De la fleur à un seul pétale, de la nuit sans étoiles et du jour sans soleil, du cinéma hanté par de vieux films et de la bosse au front qui, en Amérique, serait bêtement recouverte d'un sparadrap,de tout cela vous savez extraire une ultime goutte de vie. Dans toute l'Irlande il en est ainsi. Un homme ramasse une ficelle, un autre y fait un nœud, un troisième ajoute une boucle, et le lendemain matin on a une carpette au sol, un rideau à la fenêtre et une tapisserie qui chante au mur, tout ça avec un bout de ficelle! L'Eglise a beau la mettre à genoux, le climat la noyer sous la pluie et la politique l'enterrer vivante, ou peu s'en faut, l'Irlande pique un sprint vers la sortie au fond de la salle. Et vous savez quoi? je crois qu'elle gagnera!"
Je vidai mon champagne, puis entrepris de serrer toutes les mains et de donner de petites bourrades amicales sur tous les bras."