mercredi 2 février 2011

blog-o-book : les taupes de félix bruzzone



merci à bob de m'avoir permis de découvrir les taupes de félix bruzzone et merci à asphalte pour cette nouvelle lecture

la quatrième de couverture nous dit "La dérive d’un fils de disparus de la dictature argentine, balloté entre une grand-mère persuadée que sa fille lui a donné un autre petit-fils en détention, une petite amie avec laquelle il n’arrive plus à communiquer et un mystérieux travesti dont il tombe amoureux, Maïra.

Ce récit paranoïaque et surréaliste, à bout de souffle, nous entraîne de Buenos Aires à Bariloche, au pied des Andes, dans la quête initiatique troublante, politiquement incorrecte et souvent drôle d’un narrateur désabusé, à la recherche de son passé et de son identité sexuelle.

"Les Taupes ressemble à un film de Wes Anderson, ou la légèreté de l'absurde pop se couvre de mélancolie, mais traversé par des flashes oniriques dignes du cinéma japonais le plus violent." Crítica de la Argentina
"

il s’agit d’un livre qui commence quasiment "normalement" : la grand-mère du narrateur est persuadée que sa fille lui a donné un autre petit fils pendant de sa détention lors de la dictature argentine

c’est tout à fait plausible, nombre de personnes ont alors disparues et une foultitude d’horreurs ont été commises pendant cette période …

donc le livre commence "normalement", à peu près jusqu’au moment où le narrateur nous révèle que sa petite amie (romina) est tombée enceinte alors que leur histoire d’amour commençait à battre de l’aile

en fait on ne sait pas trop si la petite amie est bien enceinte de lui, ou si le sursaut de désir juste avant l’annonce de cette grossesse n’a eu lieu que pour noyer une paternité incertaine, mais ça n’est pas vraiment le sujet de l’histoire …

le narrateur se détache de romina et commence une autre histoire d'amour, plus bizarre, plus ambiguë, avec une fille qui vit de ses charmes

peu à peu, on se rend compte que cette fille est en fait un travesti et que le narrateur est bisexuel

puis le narrateur commence à prendre conscience que ce travesti ne lui dit pas tout et qu’apparemment il s’agirait d’un tueur, et lui-même croit être suivi

entre temps sa grand-mère décède, l’appartement où il vivait avec elle est vendu et il cherche un nouveau lieu pour y vivre ainsi que pour perdurer l’entreprise de fabrication de gâteaux de sa grand-mère … mais il est éjecté de ce lieu par les ouvriers qu’il payait pour le restaurer

on se dit alors que décidément le sort s’acharne sur notre narrateur …

il part ensuite à la recherche de son ami travesti qu’il soupçonne être son frère disparu : d’ailleurs ils se ressemblent …

on ne sait plus trop si le narrateur est en quête de ce frère, ou bien en quête de lui-même, d’ailleurs, ce frère disparu n’est-il pas lui-même, ou un double de lui-même ?

qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux dans cette histoire qui commence "normalement" et s’achève sans une fin réelle ?

une histoire de double, de gémellité, de sadisme, d’amour, et de sexe !

en conclusion, un livre glauque à souhait avec des passages d’une curieuse et étonnante beauté, comme :

"Enfin si, mais la sensation n’était pas douloureuse, bien au contraire, paradis de perles blanches, gouttes tombant comme des plumes, lentilles de lumière qui se désintègrent en touchant le sol, en me touchant, mais qui aussitôt recommencent à se former et à rebondir en tout sens pendant qu’elles se consument en un sonore crépitement lointain. Jusqu’au moment où les petites lumières se sont concentrées sur ma nuque, denses comme des galets, et d’un coup ont dégringolé tout le long de mon dos avant de rester là, éparpillées de tous côtés, tremblantes, dents de quartz, aimants géants, et là El Alemán, épuisé, a joui."

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