dimanche 20 novembre 2011

le plus clair de mon temps de edouard mac' avoy


le plus clair de mon temps de edouard mac' avoy

livre trouvé d'occas' chez mona-lisait, l'une de mes librairies préférées

il s'agit du journal qu'edouard mac'avoy, portraitiste de gens fameux tels picasso, montherland, gide, cocteau ..., né en 1905 et mort en 1991, a tenu entre 1926 et 1987 (et donc pendant quasiment toute sa vie)

Ce livre est truffé d'anecdotes attachantes et intéressantes sur les gens qu'il a côtoyés, de même que de clichés datés comme ses idées sur le mariage et le rôle de l'épouse dans un couple :

11 juin 1957.
Anne ne m'aura jamais aidé dans ma carrière qu'en me foutant la paix. Quand on songe à l'humeur tracassière des femmes, cet "apport" est considérable, et même essentiel.

29 juin 1987.
[...]
Ici, il convient de réfléchir sur le rôle des épouses qui s'immiscent dans l’œuvre de leur époux. Et je suis épouvanté de constater, chez nombre de peintres, combien leurs femmes sont omniprésentes, influentes, brodant dans leurs ateliers pendant qu'ils travaillent, avec certainement le petit mot pointu qui viendra modifier la toile à son détriment.
Et je rends grâce à Anne, ma femme, de ne venir à mon atelier que priée. Pas une seule fois en cinquante ans, elle n'a frappé à ma porte impromptu.


ou quelques phrases amusantes notées et rapportées par ses soins :

"- Quel brave homme! Et si maladroit, si peu doué! Il s'est aperçu que les pommes étaient rondes, il s'est donné un mal fou, et il a peint des pommes en creux... Mais c'est un très brave homme, chère Madame, un très, très brave homme!" (dali parlant de cézanne)

Rubinstein [...] se rend à une soirée donnée par une célèbre danseuse. Rubinstein va la féliciter... Très aimable la danseuse :
- Je suis d'autant plus heureuse de vous connaître, cher monsieur, que j'utilise vos produits de beauté depuis des années...


"Il y a là, surtout, l'évolution d'une vraie réflexion sur l'acte de peindre, sur la paradoxale relation entre le portraitiste et son modèle, sur les moments forts et difficiles d'une vie quotidienne entièrement vouée à l'art, où le sentiment d'une assurance croissante le dispute sans répit au dévorant doute de soi" (citation partielle de la 4ème de couverture qui pour moi résume bien ce livre)

le bizarre incident du chien pendant la nuit de mark haddon


le bizarre incident du chien pendant la nuit de mark haddon

la 4ème de couv' :
"* Il a 15 ans et s’appelle Christopher Boone.
* Il excelle en mathématiques et adore Sherlock Holmes.
* Il aime les diagrammes, les listes, la vérité.
* Il ne supporte pas qu’on le touche.
* Pour lui, 4 voitures rouges à la file sont synonymes de Bonne Journée; 3 voitures rouges : d’une Assez Bonne Journée ; 5 voitures rouges : d’une Super Bonne Journée.
* Il est autiste et porte en lui une part de génie.
Quand un jour, Christophe apprend que Wellington, le caniche de sa voisine, a été assassiné, il décide de mener l’enquête qui va lui permettre d’arracher au passé l’énigme de sa propre histoire. Et de nous la raconter…
"

un monde joyeux et ouvert sur le monde fermé d'un jeune autiste

à consommer sans modération

à l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie de hervé guibert


à l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie de hervé guibert

la 4ème de couverture : "J' ai eu le sida pendant trois mois. Plus exactement,j'ai cru pendant trois mois quej'étais condamné par cette maladie mortelle qu'on appelle le sida. Or je ne me faisais pas d'idées,j'étais réellement atteint, le test qui s'était avéré positif en témoignait, ainsi que des analyses qui avaient démontré que mon sang amorçait un processus de faillite. Mais, au bout de trois mois, un hasard extraordinaire me fit croire, et me donna quasiment l'assurance que je pourrais échapper à cette maladie que tout le monde donnait encore pour incurable. De même que je n'avais avoué à personne, sauf aux amis qui se comptent sur les doigts d'une main, que j'étais condamné, je n'avouai à personne, sauf à ces quelques amis, que j'allais m'en tirer, que je serais, par ce hasard extraordinaire, un des premiers survivants au monde de cette maladie inexorable."

ce livre nous a été conseillé dans le cadre de l'atelier d'écriture auquel je participe, pour la description qu'il contenait d'un des médecins traitants de hervé guibert ; en fait il s'agit de tout un chapitre constitué d'une seule et même phrase de plus de deux pages ...

à part cela il s'agit d'un récit autobiographique écrit peu de temps avant le décès de son auteur et donc dérangeant, en premier lieu à ce titre, puis parce qu'il s'agit en fait, de mon point de vue, d'un règlement de compte vis-à-vis de pas mal de personnes connues, même si désignées sous un pseudonyme et enfin de par la tristesse et le côté sordide (là encore de mon point de vue) de certains descriptions

cent ans de solitude de gabriel garcia marquez


cent ans de solitude de gabriel garcia marquez

4ème de couverture : "Une épopée vaste et multiple, un mythe haut en couleur plein de rêve et de réel. Histoire à la fois minutieuse et délirante d'une dynastie : la fondation , par l'ancêtre, d'un village sud-américain isolé du reste du monde ; les grandes heures marquées parla magie et l'alchimie, ; la décadence ; le déluge et la mort des animaux. Ce roman proliférant, merveilleux et doré comme une enluminure, est à sa façon un Quichotte sud-américain : même sens de la parodie, même rage d'écrire, même fête cyclique des soleils et des mots. Cents ans de solitude, compte parmi les chefs-d'œuvre de la littérature mondiale du XXe siècle. L'auteur a obtenu le prix Nobel de littérature en 1982."

Un livre bizarre qui m'a été offert il y a une dizaine d'années par un ami et qui est resté tout ce temps à m'attendre sur ma pile à lire ...

En fait ce livre est une sorte de serpent qui se mord la queue jusqu'à disparaître complètement

Il y a des choses que j'ai beaucoup aimées dans ce livre

"Quand il était seul, José Arcadio Buendia se consolait en rêvant à une succession de chambres à l'infini. Il rêvait qu'il se levait de son lit, ouvrait la porte et passait dans une autre chambre identique à la première, avec le même lit à tête en fer forgé, le même fauteuil de rotin et le même petit tableau avec la Vierge des Remèdes sur le mur du fond. De cette chambre, il passait à une autre exactement semblable, puis dans une autre exactement semblable, à l'infini. Il aimait aller ainsi de chambre en chambre comme dans une galerie de glaces parallèles, jusqu'à ce que Prudencio Aguilar vînt lui toucher l'épaule. Il s'en retournait alors de chambre an chambre, s'éveillant au fur et à mesure qu'il revenait en arrière et parcourait le chemin inverse, et trouvait Prudencio Aguilar dans la chambre de la réalité. Mais une nuit, deux semaines après qu'on l'eut emmené jusque dans son lit, Prudencio Aguilar lui toucha l'épaule dans une chambre intermédiaire et il y demeura à jamais, croyant que c'était là sa chambre réelle."

et d'autres qui m'ont dérangée, comme cette apparition quasi spontanée et disparition définitive de toute une famille, comme une métaphore de l'inutilité de la vie ...

samedi 8 octobre 2011

tempo di roma de alexis curvers

tempo di roma de alexis curvers

il s'agit encore un livre trouvé abandonné au coin d'une rue ... ainsi que d'un authentique bonheur que je voudrais partager avec vous

ce livre a été écrit entre 1949 et 1956 et publié en 1957

la page de présentation du livre indique :

"Né en 1906 à Liége (Belgique), Alexis Curvers y fait ses études : humanités chez les Jésuites, philosophie et lettres à l'université. Après quelques années d'enseignement, notamment en Egypte, il se consacre au métier littéraire : romans, poèmes, essais.
Alexis Curvers a obtenu en 1957 le Prix Sainte-Beuve pour son roman Tempo di Roma et en 1960 le Grand Prix littéraire du Prince Rainier III de Monaco pour l'ensemble de son œuvre.

C'est pour mettre quelque distance entre la police milanaise et lui que Jimmy arrive un jour aux portes de Rome. Il est seul, sans argent, sans métier, sans amis, mais il attend tout de cette ville dont le nom glorieux chante depuis l'enfance à son oreille. Un bienheureux hasard - l'agence Roma in un giorno cherchait un guide, ce fut lui qui ouvrir la ville et ses beautés; sir Craven avec son amitié, lui en livra les clefs les plus secrètes; et Geronima, avec son amour, le coeur tendre et généreux.
Tempo di Roma est de ces livres très rares qui procurent du bonheur. Par sa vivacité, son charme, le nombre et la variété de ses épisodes, c'est un roman stendhalien - le nom de Stendhal est d'ailleurs celui qui revient sans cesse sous la plume des critiques à son propos. C'est un livre qui vous rendra fou de Rome
."

je ne serais pas tombée par hasard sur ce livre au gré de mes promenades, jamais je n'aurais eu l'idée de le lire, or il s'agit d'un authentique chef-d'œuvre qui m'a donné envie de (re)visiter rome :

"Le style de Rome est vertical et force le regard à escalader continuellement les plus surprenantes superpositions de palais, de frontons, de coupoles, de crêtes et de bouquets d'arbres couronnant le tout. Même vue d'en haut, bien qu'alors l'étendue de la ville paraisse plane, c'est vers les collines éternelles du ciel qu'elle fait rebondir le regard du spectateur." (entre autres pages délicieuses)

à certains moments de ma lecture, je me suis demandée si fellini n'avait pas lu ce livre avant de nous offrir fellini roma, par exemple "... Je remarquais aussi des curés, un nombre incroyable de curés tout noirs qui sortaient de terre comme des insectes, virevoltaient dans tous les sens et s'arrêtaient brusquement, tout seuls ou par deux ou trois, avec un ai de flânerie heureuse et d'insouciance. Ils se sentaient entre eux et chez eux dans cette ville, et il y étaient débonnaires parce qu'ils en étaient les maîtres. Et c'était drôle, à bien y réfléchir, que cette ville voluptueuse et durée fût justement la capitale des curés. [...] Ici c'étaient des curés en liesse, sûrs d'eux-mêmes, des curés de luxe. J'en abordai un, jeune, bien rasé, aux dents éclatantes, qui souriait aux anges en s'approchant de nous; je lui demandai ce que c'était que cette procession. [...] A ce moment, une volée de fillettes coiffées de voiles blancs déboucha sur la place et courut prendre rang dans le cortège entre les deux groupes de moines et des porte-flambeaux, lesquels dès lors se tinrent tranquilles." ou "L'embarras était provoqué par un troupeau d'une vingtaine de chevaux que des paysans d'Albano conduisaient aux abattoirs de Rome. J'avais souvent rencontré de ces cavalcades funèbres qui circulaient presque toujours de nuit, comme pour épargner à la ville la vue de ses crimes, qui d'ailleurs se perpétraient réglementairement à l'aube, ou simplement parce qu'il est plus commode de chevaucher aux heures où les rues sont désertes, et que les convoyeurs y gagnaient une journée de travail. Chacun des cavaliers d'Albano gouvernait à l'aide d'une longe, de part et d'autre de sa monture, un groupe de trois ou quatre bêtes attachées par le cou, les unes jeunes et sans méfiance, les autres habituées à tout, vieilles et efflanquées, sur le pelage usé desquelles luisait la trace des harnais enfin et à jamais déliés. Quelques hommes à pied brandissaient des torches enflammées, sauvage, odorantes, aussi différentes des torches de parade distribuées par Ambrucci à Enrico et à ses amis que le costume de ces marchands de bestiaux l'était de la livrée des laquais..."

apparemment le livre est toujours disponible en poche, alors courez vite vous le procurer

le sang du gévaudan de hélène delprat

le sang du gévaudan de hélène delprat aux éditions de janus

la 4ème de couverture : "Le Gévaudan, pays de la Bête ? Bien entendu. Pays de loups ? Certes. Mais y a-t-il des hommes en Gévaudan ?
Sans doute, mais bien méconnus. Et pourtant on trouve là des chanoines qui refusent la barbarie. Des médecins qui refusent la maladie. Des jeunes gens qui refusent l'ordre établi. Des résistants qui refusent l'horreur. Oui, il y a des hommes en Gévaudan qui refusent ce qui va contre l'Homme. Depuis des siècles. Depuis toujours.
Ee le milan au vol impassible est le témoin attentif de leurs combats...
"

un joli livre situé à l'époque de la révolution française dans un monde de taiseux au fin fond de nos campagnes

il ne faisait pas bon à l'époque d'avoir de la religion

et il n'était alors pas facile de vivre sa vie quand on n'était que le dernier-né d'une fratrie

une belle histoire d'amour, ou plutôt d'amours, le tout ponctué par le vol lent du milan qui passe et repasse comme la navette dans la tapisserie du temps

"Alors, tout l'amour et le désir enfouis depuis cinq années se plantèrent au ventre de Marie.

Le milan au vol grave, attendait, fiché au ciel.
"

dimanche 25 septembre 2011

Ecrivain et oiseau migrateur - Alain Mabanckou


merci à News Book et merci à André Versaille éditeur de m'avoir permis de découvrir Ecrivain et oiseau migrateur de Alain Mabanckou

la quatrième de couverture : "“Mon pays d’origine, le Congo, possède une petite fenêtre qui donne sur la mer. De là, gamin, je voyais passer toutes sortes d’oiseaux, certains pressés, d’autres à l’envol lourd. Parmi eux, les oiseaux migrateurs, qui planaient loin au-dessus de ma tête, me fascinaient. Lorsqu’ils se posaient sur les branches d’un arbre, le bec ouvert, je les observais contempler l’horizon, les ailes marquées par leur longue traversée. J’étais enfant et je voulais, moi aussi, devenir un oiseau migrateur.
Mais je suis devenu un écrivain, sans doute par compensation… Et la plupart de mes grands voyages sont nés des rencontres et des lectures que j’ai faites et qui m’ont construit.
Dans ce livre, j’ai voulu dévoiler certaines pages de mon univers. La clé est dans la serrure : il suffit de la tourner, de pousser doucement la porte pour entrer dans ce jardin que j’arrose encore avec la foi du charbonnier.
On y trouvera l’ombre de ma mère, les éclats de rire de mes amis, une promenade silencieuse avec J.-M. G. Le Clézio, et bien d’autres souvenirs…”
Alain Mabanckou
"

Le principe de la collection Chemin faisant chez André Versaille éditeur est d'inviter des écrivains et des artistes à évoquer leur vie et leurs souvenirs sous forme d'abécédaires.

Cela doit être pour cela que Ecrivain et oiseau migrateur d'Alain Mabanckou m'a semblé davantage ressembler à un blog littéraire (dans lequel je découvrais des billets d'humeur ainsi que des pistes d'auteurs et de livres à découvrir à la suite d'Alain Mabanckou) qu'à un livre où j'aurais pu retrouver les mêmes souvenirs, nostalgies, états d'âme ... et j'avoue en avoir été un peu déroutée !

Il n'empêche que cet abécédaire m'a permis de découvrir des lignes de pure poésie constituant une invitation à découvrir d'autres livres d'Alain Mabanckou.

Alors, un grand merci !

jeudi 1 septembre 2011

Jury littéraire Fnac 2011

Jury littéraire Fnac 2011

Cette année, en tant qu’adhérente Fnac, j’ai eu, courant mai, l’immense plaisir de recevoir un courrier de la part de la Fnac me disant que j’avais été sélectionnée pour devenir membre du Jury littéraire Fnac pour déterminer le 10ème Prix du Roman Fnac.

J’ai donc reçu, en avant première, 4 romans ou épreuves, à lire d’urgence pour renvoyer mes fiches de lecture dans lesquelles je devais indiquer en quelques mots ce qui pour moi constituaient les points forts et les points faibles de ces romans

Mingus Mood de William Memlouk – Julliard
point fort : l'histoire est forte et passionnée, l'écriture rythmée et syncopée, comme dans une musique de jazz. Omniprésence de la musique, de la violence de celle que jouait Charles Mingus et omniprésence des couleurs dans les descriptions.
point faible : /

Le kiosque de Olga Grushin – Ravages
point fort : le coté magique de cette longue attente en vue d'accéder à un rêve
point faible : on s'intéresse à l'histoire mais pas vraiment aux personnages peu sympathiques et trop individualistes (sauf à la fin de l'histoire). De plus la chronologie est un peu embrouillée

Un garçon si tranquille de François Chollet - Cherche Midi
point fort : une histoire hallucinante, dérangeante et horrifique de comment réussir à faire le deuil de sa mère le tout raconté sur un mode impersonnel
point faible : ce livre peut choquer certains lecteurs compte tenu du sujet traité = un fils unique viole sa mère, à peine morte, et reste seul ensuite plusieurs jours/semaines/mois (?) à "couver" l'urne funéraire. Il n'arrivera à sortir de son deuil qu'en allant violer sa tante, la sœur survivante de sa mère décédée !

Un soir d'aquarium - Patrice Delbourg - Cherche-Midi
point fort : /
point faible : je n'ai pas pu dépasser la page 80 (de ce livre de 310 pages environ), lassée de l'énumération de noms de lieux, disparus ou pas, d'expressions, plus désuètes les unes que les autres, et de gens pour la plupart tombés dans l'oubli...

Malheureusement, les 4 romans que j’ai reçus n’ont pas fait parti des 7 romans distingués par les libraires et adhérents !

Mais j’ai été invitée à la remise du prix hier, mercredi 31 août, au Théâtre Claude Lévi-Strauss au sein du Musée du Quai Branly, et ça c’était un super cadeau !

Des extraits des 7 romans distingués nous ont été lus par Mesdemoiselles Pietragalla et Emmanuelle Devos et par Messieurs Daniel Mesguich et Gabriel Dufay : un vrai bonheur qui m’a donné terriblement envie de découvrir au moins 2 de ces 7 romans ("Rien ne s'oppose à la nuit" de Delphine de Vigan, "Le héron de Guernica" de Antoine Choplin, "Tout, tout de suite" de Morgan Sportes, "Désolations" de David Vann, "Retour à Killybegs" de Sorj Chalandon, "Eux sur la photo" de Hélène Gestern et "Les souvenirs" de David Foenkinos) !

Delphine de Vigan a reçu le prix du Roman Fnac 2011 pour son roman "Rien ne s’oppose à la nuit".

Vivement l’an prochain car je serai peut être à nouveau sélectionnée pour devenir membre du Jury et qui sait ! cette fois-ci les livres reçus seront des romans distingués !

jeudi 25 août 2011

lectures de l'été 2011...

ceux que j'ai bien, voire beaucoup aimés

le pingouin de andreï kourkov = une histoire absurde et tellement pleine d'humour, celle d'un auteur qui galère et auquel on propose un jour un filon, écrire des nécros avant même que les personnes sur lesquelles elles portent soient passées de vie à trépas ... or, leur décès semble suivre vraiment de très près, de trop près la livraison de chacune des nécros pour que ça ne finisse pas par sembler bizarre à victor, le personnage principal
et pourquoi "le pingouin" me demanderez-vous ? parce que le zoo se débarrassait de ses animaux et que victor a adopté un pingouin
un livre grinçant et drôle et peut être pas si impossible que cela

marcher - une philosophie de frédéric gros = un essai sur la marche à pied qui nous donne envie de marcher, et encore marcher, sans nous arrêter, et pour vous donner envie de dévorer ce livre, les dernières lignes de ce livre :
"On retrouve cette insistance sur la régularité comme secret d'une marche sans fatigue dans la spiritualité tibétaine, avec la figure presque magique du Lung-gom-pa.
Le Lung-gom consiste en des exercices, prolongés sur plusieurs années, de respiration et de gymnastique qui permettent d'obtenir une très grande agilité et légèreté. En même temps qu'il s'entraîne à contrôler parfaitement sa respiration, le moine apprend à caler parfaitement sur elle la répétition de formules mystiques.
Plus tard, il saura leur faire correspondre aussi le rythme de son pas.
Au terme de son initiation, il devient un Lung-gom-pa. Le moine est alors capable, dans certaines circonstances, de marcher très vite sur d'énormes distances, sans ressentir aucune fatigue. Il y faut sans doute des conditions spéciales: un terrain plat, un paysage désertique, le crépuscule ou une nuit étoilée. Dans ces espaces fantomatiques, rien ne distrait l'attention, la concentration est maximale. Le marcheur se recueille, ne pense à rien, ne regarde ni à droite ni à gauche, fixe un point devant lui, se met en marche, prononce en cadence ses formules, et bientôt il entre dans un état de transe hallucinatoire, produit par la répétition de son pas, de ses phrases indéfiniment reproduites, de sa respiration régulière. Et il accomplit de grands pas comme s'il rebondissait sur le sol.
Alexandra David-Neel raconte qu'au cours de ses longues marches himalayennes, alors qu'elle évoluait sur un immense plateau isolé, elle vit au loin un point noir qui se rapprochait à très grande vitesse Elle s'aperçut bientôt que c'était un homme qui avançait à très grande vitesse. Ses compagnons de route lui dirent que c'était un Lung-gom-pa, et qu'il ne fallait surtout pas lui parler ou interrompre sa marche rapide, car il était en état d'extase et qu'il pourrait mourir si on l'éveillait. Ils le virent passer, impassible, les yeux ouverts, sans courir, mais s'élevant à chaque pas, comme une étoffe légère soulevée par le vent.
"

les pommes sauvages de h.d. thoreau : la lecture de marcher - une philosophie, m'a indiqué tout un tas d'autres livres, ou auteurs, à suivre dans leurs promenades, thoreau en faisait parti
les pommes sauvages ont un délicieux arrière goût du passé
une lecture pour les nostalgiques

on peut se dire au revoir plusieurs fois de david servan-schreiber : j'ai lu ce petit livre quand david servan-schreiber était encore parmi nous, plus pour très longtemps hélas - il s'agit du témoignage de la force de caractère d'un homme, une leçon de vie et une leçon de vivre avec courage, sans misérabilisme ni fausse pudeur
monsieur, vous allez nous manquer

melnitz de charles lewinsky = la saga d'une famille juive suisse qui commence en 1871 pour se terminer pendant la 2ème guerre mondiale
c'est un livre attachant même si je n'ai pas réellement compris l'intérêt du personnage récurrent de l'oncle melnitz

mémoires imaginaires d'adrienne de la fayette = écrit sous forme d'un journal, une sorte de roman d'aventure doublé d'une intrigue amoureuse et d'un soupçon de roman historique
la mise en page du livre aurait pu être un peu plus soignée (p. 139, par exemple)

et les autres ...

dans la pièce du fond de w.c. morrow = un recueil de nouvelles un peu mystérieuses, un peu horrifiques, mais *datant* du début du 20ème siècle
à découvrir malgré tout puisque de la même époque qu'edgar allan poe et que ambrose bierce !

claude de bruno gibert = ou une histoire d'un mortel ennui

fleuve de thyde monnier = une histoire riche en odeur et en saveur un tout petit peu trop descriptif, mais avec une traversée de marseille qui collait à ma réalité, moi qui venais justement de me balader à pied dans les rues de cette ville

l'ambassadeur de morris west = beaucoup trop politique pour moi

vendredi 15 juillet 2011

¡¡¡ harry potter !!!

et oui, tout arrive !
harry potter à l'école des sorciers de j.k.rowling

il y a des livres comme ça, qui sont à la mode, et que tout le monde lit et que donc, tout le monde doit lire et comme je n'aime pas trop suivre la mode, cela fait une bonne dizaine d'années que je me refuse à lire harry potter ... en fait, en réalité, j'avais essayé de lire le premier volume, mais en anglais, et arrivée à la moitié du livre, j'avais fini par abandonner ! je trouvais le rythme trop lent et le style bien moins intéressant que les club des 5 de ma jeunesse ... une de mes bonnes copines avait essayé de me convaincre, elle a-do-rait harry potter et l'avait lu en version originale, mais également en français, en espagnol, et en je ne sais trop de versions encore, tellement ça l'amusait de voir les différences entre les traductions !

et puis récemment, il y a un mois environ, en descendant mon "tri sélectif" j'ai vu que des livres avaient été purement et simplement jetés en vrac dans la benne jaune et bien évidemment, je les ai récupérés !

dans le lot, il y avait le tome I et le tome III de harry potter et j'avais l'intention de les donner à circul'livre, mais avant, j'ai voulu retenter la lecture ...

je viens de dévorer harry potter à l'école des sorciers et comme j'avais pris la précaution d'emprunter le tome II à la médiathèque et je suis en train de dévorer harry potter et la chambre des secrets

c'est bien écrit (et/ou bien traduit) c'est très drôle, pas con du tout et ça peut être lu aussi bien par les petits que par les grands !

moralité, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et moi je suis ravie à l'idée d'avoir encore 6 volumes à découvrir


et bien ... j'ai terminé hier soir la saga de harry potter et si j'ai adoré le premier tome, j'ai moins aimé les suivants, toujours organisés de la même façon, les 600 ou 700 premières pages d'un gentil petit train-train pour accélérer sur les 100 ou 150 dernières pages ... par contre, dès que j'ai ouvert le 7ème, j'ai été en apnée ! le rythme en est soutenu du début à la fin et du coup on reste sur une excellente impression lorsqu'on referme le bouquin !

bon, alors j'ai terminé la série livre, mais je sais qu'il me reste maintenant tous les films à voir : je ne suis donc pas prêt de lâcher le personnage de harry potter !

jeudi 19 mai 2011

un lac immense et blanc de michèle lesbre

un lac immense et blanc de michèle lesbre

« Je réinvente ma vie dans le désordre en mélangeant les temps, les lieux, les êtres chers, mais c’est tout de même ma vraie vie. Peut-être que cette journée est un cadeau plutôt qu’un empêchement et un rendez-vous manqué. J’attendais l’Italien, c’est Antoine qui est venu, dans le silence de la ville qui est une autre ville, lointaine et familière à la fois M.L. ».

court récit en forme de rêverie poétique à la recherche de son passé ... et de soi-même !

lundi 9 mai 2011

un amour classique de yu hua

un amour classique de yu hua

"Un enfant de quatre ans, en provoquant accidentellement la mort de son cousin, déclenche une série de vengeances qui anéantira une famille entière. Un jeune lettré, candidat aux examens impériaux, qui traverse sur son chemin une ville florissante et y rencontre, comme en rêve, une merveilleuse jeune fille, retrouve quelques années plus tard une terre dévastée, en proie à la famine, et la jeune femme transformée en viande de boucherie... Un personnage à l'identité incertaine nous parle d'une présence féminine qui le hante, peut-être celle de Yang Liu, la jeune fille morte en lui léguant ses yeux... Dans un café, deux hommes ont assisté à un meurtre. Leur relation épistolaire, nourrie d'hypothèses sur les mobiles de ce crime, s'achèvera en tragédie...
Oniriques et cauchemardesques, ces " petits romans " où se devine parfois l'influence de Kafka ou de Borgès ont fait connaître Yu Hua dès la fin des années 1980. Ecrits au lendemain d'une période dramatique de l'histoire chinoise qu'ils désignent sans la nommer, ils allient la puissance de l'imaginaire à la profondeur de la réflexion métaphysique, et proposent une vision fantastique et troublante de la Chine contemporaine.
" (4ème de couverture)

j'avoue ne pas avoir tout compris de ce recueil de 4 courts romans (ou 4 longues fables) mais j'ai été scotchée par l'écriture magnifique -on a souvent l'impression d'admirer un tableau :
Liu Sheng marchait sur une grande route jaune. Il se rendait à la capitale pour se présenter aux examens du mandarinat. Il portait une robe de toile vert sombre plissée dans le bas, un petit chapeau délavé et une ceinture de soie vert foncé nouée autour de la taille. On eût dit un arbre couleur émeraude déambulant sur la grande route jaune. C'était le printemps et, à perte de vue, pêchers et saules rivalisaient de splendeur parmi les champs de mûriers et de chanvre. Des chaumières entourées de haies de bambous s'éparpillaient de tous côtés dans la campagne. Un soleil radieux s'élevait haut dans le ciel et ses innombrables rayons d'or, comme des fils de soie sur un métier à tisser, se déployaient dans un ordre parfait.
- et terrible
Ayant perdu son enveloppe cutanée, le tissu adipeux jaune d'or s'épancha. Tout d'abord, il se gonfla légèrement comme du coton, puis commença à s'écouler, se dispersant dans tous les sens comme de la boue. Alors les médecins eurent l'impression de voir le champ de colza sous le soleil qu'ils avaient aperçu à l'entrée peu de temps auparavant.
même si j'ai été bouleversée par l'horreur narrée et perdue dans les métaphores probables ...

jeudi 5 mai 2011

aigle de aziz chouaki

aigle de aziz chouaki

"Jeff quitte son Algérie natale pour Paris. Sans un sou, il se retrouve empereur de la faune qui hante les Halles. Fou de littérature, il décide de participer à un concours de nouvelles, imagine des personnages, une intrigue...
Hasard objectif ou magie de la fiction ?
Jeff rencontre sur son chemin les personnages qu'il a créés. D'étranges rapports se tissent alors entre eux et lui, teintés d'érotisme, d'ésotérisme et de gangstérisme.
Prométhée de l'écriture, Jeff mène ce ballet mégalo et impose à chacun de vivre exactement comme il l'a imaginé.
Fantasme et réalité se télescopent en une mise en abyme brillante, puzzle bariolé où les pièces narratives se remettent peu à peu en place.
L'enjeu du roman prend la forme d'une exploration de tous les possibles de l'écriture.
" (4ème de couv')

petit trésor de 260 pages découvert un jour abandonné sur un trottoir et que j'ai recueilli, de même le personnage au hasard de sa route découvre l'annonce d'un concours de nouvelle dans une revue littéraire abandonnée sur le sol parisien ...

l'écriture est inventive, intelligente, interpellante et innovante, le récit labyrinthique et onirique, on ne sait plus où commence la réalité et où se termine le rêve ... et j'ai positivement adoré

mardi 3 mai 2011

la délicatesse de david foenkinos

la délicatesse de david foenkinos

"« François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m'en vais. C'est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n'est guère mieux. On sent qu'on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu'un jus ça serait bien. Oui, un jus, c'est sympathique. C'est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l'orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. le jus d'abricot, ça serait parfait. Si elle choisit ça, je l'épouse…
– Je vais prendre un jus… Un jus d'abricot, je crois, répondit Nathalie.
Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité. »
"La délicatesse" a obtenu dix prix littéraires et a été traduit dans plus de quinze langues.
" (4ème de couv')

un joli roman d'amours, au pluriel, puisqu'une seconde chance sera donnée à nathalie, roman que j'ai lu en revenant de rennes, et qui est (pourtant) beaucoup plus qu'un roman de gare, mais bien un livre tout en délicatesse et en subtilité

lundi 2 mai 2011

soie de alessandro baricco

soie de alessandro baricco

mon deuxième d'alessandro baricco et très certainement pas le dernier ! j'aime cette écriture en finesse, ces non-dits et ces secrets

"1861. Le sud de la France. Hervé Joncour achète et vend des œufs de vers à soie qu'il va chercher pour le compte de Baldabiou, en Syrie et en Égypte d'abord, puis plus tard au Japon, à l'autre bout du monde. "Un jour Baldabiou avait tenu dans sa main un voile tissé avec un fil de soie japonais. C'était comme ne rien tenir entre ses doigts." Un incroyable voyage ! Vienne, Budapest, Kiev, les monts d'Oural, le lac Baïkal, le fleuve Amour, et Capo Teraya, sur la côte ouest du Japon. Au bout du monde, Hervé Joncour rencontre une jeune fille, un regard "avec une intensité déconcertante". Ce voyage vers le Japon, vers ce regard, Hervé le fera inlassablement, années après années. Répétition des gestes, des images, chaque fois est un éternel recommencement ; les mots reviennent, inaltérables. Un texte sensuel, aérien, comme une étoffe de soie. "

mais hervé n'est-il pas allé au bout du monde pour trouver ce qu'il avait en fait chez lui ? le rêve serait-il plus fort et ferait-il aller plus loin que la réalité ? pour ce qui me concerne, j'en suis persuadée ...!

mercredi 27 avril 2011

loin de vous ce printemps de agatha christie (sous le pseudonyme de mary westmacott)

loin de vous ce printemps de agatha christie (sous le pseudonyme de mary westmacott)

Quatrième de couverture
"Dans le train qui l'emporte de Bagdad vers Londres, en ce printemps 1938, Joan Scudamore envisage l'avenir avec satisfaction. D'ailleurs, sa vie toute entière n'est-elle pas un modèle de félicité ? N'a-t-elle pas réussi à concilier brillamment mariage, enfants et carrière de son mari ? Lorsque survient l'imprévu, Joan n'y accorde qu'une importance toute relative : la voilà coincée pour plusieurs jours dans un relais du désert, qu'à cela ne tienne ! Elle en profitera pour écrire à ses amies, lire et se reposer. Mais le farniente pousse à la réflexion. La réflexion à l'interrogation. Et sans le savoir, alors que jour après jour l'attente se prolonge, Joan Scudamore devient peu à peu la proie des ombres noires du passé..."

une anglaise de la petite bourgeoisie, vaine et égocentrique, vit une expérience bouleversante dans le désert. Elle pense avoir complètement changé et rentre en angleterre pour demander pardon à son mari d’avoir été si sotte et égoïste ... mais l’effet du désert et de l’introspection ne durera pas ... un livre à découvrir, et sur lequel réfléchir

mardi 26 avril 2011

arthur et moi de emmanuel arnaud

arthur et moi de emmanuel arnaud

"Vous êtes en vacances dans une tour de béton pourrie en Espagne. C’est la Toussaint. Vos parents hésitent entre une soirée paëlla et le match de foot à la télé. Vous vous ennuyez, comme vous vous ennuyez le reste de l’année au lycée, avec votre copine, avec vos potes. Vous vivez une vie moyennement intéressante, une vie grise. Alors vous ouvrez un livre un peu par hasard. Ce livre, c’est Les Illuminations de Rimbaud. Soudain, quelque chose vous arrive. Comme l’explosion d’une météorite, mais à l’intérieur. Un truc d’enfer. Une révélation. Vous regardez autour de vous. Rien n’a changé. Vous avez toujours le livre entre les mains. Brusquement vous comprenez : la vraie vie est ailleurs.
Vous retournez au lycée, vos potes ne vous suffisent plus, vous lisez de la poésie, ce qui vous permet de séduire la plus belle de la classe, tout est plus vivant, plus fort.
Un roman tendre et ironique sur l'adolescence.
" (4e de couverture).

c'est l'histoire d'un ado, pendant les vacances de la toussaint passés comme tous les ans en espagne avec sa mère et son père, fan de foot, qui tombe un soir de désœuvrement sur un recueil de poésies de rimbaud : une porte vers un autre univers s'ouvre alors à lui

un livre pour les ados qui donnera aux adultes qui le liront envie de se (re)plonger dans rimbaud

samedi 23 avril 2011

victoria et les staveney de doris lessing

victoria et les staveney de doris lessing

"Victoria n'a jamais oublié sa rencontre, à l'âge de neuf ans, avec une riche famille blanche, les Staveney.
Ce souvenir entêtant la poussera, des années plus tard, à entamer une liaison avec leur fils, Thomas. De cette histoire naîtra Mary, petite fille à la peau claire et au sourire radieux. En adoration devant l'enfant, les Staveney proposent de l'accueillir chez eux de plus en plus souvent. Victoria, toute à la réalisation de la chance que représenterait une telle éducation pour sa fille, n'imagine pas quelles conséquences aura sa décision.
La grande dame des lettres anglaises revient sur ses thèmes de prédilection : le racisme, l'hypocrisie, l'ambition. Un regard sans concession et d'une incroyable modernité sur notre époque.
"

il s'agit, là encore, d'une nouvelle extraite d'un ensemble de nouvelles et publiée à part et non d'un roman ...

qu'est-ce qui est le pire ? un livre exprimant carrément le racisme ou bien un livre soi-disant plein de pseudos bons sentiments mais où voit les "gentils blancs" s'entourer d'un tel mur de mépris et d'indifférence vis-à-vis de victoria, une fillette de neuf ans qui trouvera accidentellement refuge chez eux pour une brève nuit qui marquera toute son existence compte tenu du décalage entre ces gens, d’un autre monde que le sien la preuve en étant la taille de la cuisine, bien plus grande que le tout petit appartement où elle vivait avec sa tante, alors hospitalisée

ces "gentils blancs" chercheront par contre le mieux pour l’adorable fillette métisse, si jolie et si sage, dont ils viendront d'apprendre l'existence et le lien parental, sans penser à se préoccuper de victoria, la mère de la fillette ni de son demi-frère ...

de toute façon ça n’est pas très "grave" puisque victoria va très certainement se marier avec le pasteur du coin de vingt ans plus âgé qu’elle, qui lui fera des enfants au milieu desquels son fils trouvera sa place

alors oui, c'est du racisme, du racisme anti-blanc avec un tas de clichés ... et un certain mépris plein de condescendance à l'égard des noirs

doris lessing se sent-elle donc à ce point coupable qu’elle essaye au travers de cette nouvelle de nous faire à notre tour endosser cette culpabilité ? coupables de quoi ? d'exister malgré le passé ?

fleep par jason shiga

fleep par jason shiga : une jolie petite bédé intelligente pour ados et/ou adultes

"Un personnage se réveille d’un évanouissement, bloqué dans une cabine téléphonique inexplicablement entourée de béton. Armé de sa seule intelligence – il est visiblement très doué en mathématiques – ainsi que des quelques objets plus ou moins mystérieux présents dans la cabine, il tente d’élaborer un plan pour se sortir de là. Mais tout d’abord, où se trouve-t-il donc ? Quelle étrange langue ses interlocuteurs parlent-ils ? Une fois encore Jason Shiga s’en donne à cœur joie, enchaînant déductions et calculs les plus fous, mariant humour et logique jusqu’à la surprenante conclusion de ce huis-clos . Un retournement de situation inattendu, qui imprime une forme de gravité à cet astucieux exercice de style.

Fleep a reçu en 2004 l’Ignatz Award du meilleur scénario, a été nominé aux Eisner Awards en 2004 dans la catégorie meilleur album one-shot et a valu à son auteur d’être désigné comme talent le plus prometteur.
"

vendredi 22 avril 2011

l'enfant allemand de camilla läckberg

l'enfant allemand de camilla läckberg ou le cinquième volet de la série !

lors de la lecture du 4ème volet je disais, notamment "j'ai adoré le premier volet, moins le deuxième, été enthousiasmée par le troisième, et très déçue par le quatrième
bien sûr, l'histoire est sympa, bien racontée, la plupart des personnages campés sont attachants mais ... car il y a un "mais", l'indice trouvé dans la main de la barbie et qui servira de lien entre les différentes affaires pour permettre de trouver "la solution" est quelque peu capillotracté(*) et rien ne viendra justifier la présence de cet indice !
j'espère que le 5ème volume ne me décevra pas autant ...

(*) ici les jeux de mots comptent double !
"

cette fois-ci il s'agit d'une ténébreuse enquête où tant patrick, pourtant en congé parental, que érica, sa femme vont se trouver embarqués ... et nous avec !

je vais peut être finir par me mettre à la série millenium si ça continue ...

vendredi 15 avril 2011

les grands mères de doris lessing

les grands-mères de doris lessing :

"Un été au bord de la mer. Deux familles apparemment sans histoires se prélassent au soleil : Roz et Lil, deux femmes mûres mais encore belles, leurs fils, deux hommes séduisants dans la force de l'âge, et leurs charmantes petites-filles tout occupées à leurs jeux d'enfants.

Depuis toujours Roz et Lil sont aussi inséparables que des soeurs jumelles, et l'affection qu'elles se portent s'est doublée peu à peu d'un amour pour le moins trouble de chacune pour le fils de l'autre. Ce jour-là les règles du jeu vont changer. Mais qui a vraiment les cartes en main ?

A 86 ans, Doris Lessing signe un texte sulfureux et dérangeant sur des amours scandaleuses. Roman du non-dit et de la dissimulation, Les Grand-mères fait résonner haut et tort la plume de la grande dame des lettres anglaises.
"

je crois qu'il s'agit de mon troisième doris lessing et je commence à me demander si j'aime véritablement cette auteure ...

il s'agit de l'histoire de deux amies d'enfance, puis de l'histoire de deux couples, puis de deux femmes et de leur fils respectif, puis de deux couples, puis de deux grands mères et de deux couples avec enfant et au final de deux amies d'enfance ... le tout très malsain, y compris dans l'abrupte chute

le style est froid et impersonnel et je n'ai pas réussi à m'intéresser aux personnages interchangeables : roz = lil ou tom = ian ou mary = hannah

jeudi 14 avril 2011

lonely betty de joseph incardona

lonely betty de joseph incardona

"Lonely Betty nous plonge dans l’atmosphère d’une petite ville du Maine, la veille de Noël, la veille des 100 ans de Betty Holmes, l’ancienne institutrice. Alors que ses concitoyens s’apprêtent à fêter son anniversaire, Miss Holmes fait des révélations surprenantes sur une mystérieuse disparition vieille de soixante ans et sur un de ses anciens élèves devenu célèbre. Betty ne verra pas Noël...

Joseph Incardona pastiche le roman noir, s’amuse de tous les clichés du genre et, par une habile pirouette, sa parodie devient hommage.
"

ça se lit en à peine une demi-journée et ne présente, à mon avis, pas grand intérêt à part le fait qu'il s'agit d'un gentil hommage à stephen king

duma key de stephen king

duma key de stephen king : "Duma Key, une île de Floride à la troublante beauté, hantée par des forces mystérieuses, qui ont pu faire d'Edgar Freemantle un artiste célèbre… mais, s'il ne les anéantit pas très vite, elles auront sa peau ! Dans la lignée d'Histoire de Lisey ou de Sac d'os, un King subtilement terrifiant, sur le pouvoir destructeur de l'art et de la création." soit un gros pavé de 850 pages, tout en bonheur et en tendresse jusqu'à ... la page 650 et là, l'horreur est là.

On pense qu'elle déboule mais en y réfléchissant elle était déjà présente sans que l'on s'en rende compte ...

un ancien entrepreneur dans le domaine des travaux publics manque de perdre la vie dans un grave accident ... il n'y perdra que son bras, dans un premier temps, puis perdra sa femme mais gagnera en échange un fabuleux génie créateur ... hélas au final, il perdra beaucoup plus ...

à regretter, le nombre de plus en plus grand de coquilles, d'erreurs de traduction et autres dans les livres de nos jours ("juin" au lieu de "janvier" en début de volume, "sur un porche" au lieu de l'expression courante "sous un porche" etc.)

mercredi 6 avril 2011

le petit livre de septembre de christian estèbe

le petit livre de septembre de christian estèbe édité par cette belle maison d'édition qu'est finitude

il s'agit d'un recueil de sensations, impressions poétiques notées au cours d'une année scolaire passée dans le cdi (centre de documentation et d'information) et la bibliothèque d'un collège du tarn-et-garonne dans le cadre d'un ces (contrat d'emploi-solidarité)

la lecture de ce petit livre, pendant les 2 ou 3 heures qu'on passe à le savourer, nous donne la nostalgie de nos jeunes années et nous fait aimer ces enfants en même temps que l'auteur lui-même apprend à les comprendre et à les aimer...

mardi 5 avril 2011

alfred et emily de doris lessing

alfred et emily de doris lessing (ou encore un de mes (nombreux) achats au salon du livre !)

la 4ème de couverture : "« Je crois que la colère ramenée des tranchées par mon père s'est emparée de moi très tôt et ne m'a plus jamais quittée. Les enfants ressentent-ils les émotions de leurs parents ? La réponse est oui, nous les ressentons. Et voilà un héritage dont je me serais bien passée. À quoi bon tout cela ? C'est comme si cette vieille guerre imprégnait ma mémoire, ma conscience. »

Doris Lessing, prix Nobel de littérature, explore la vie de ses parents, tous deux abîmés de manière irrévocable par la Grande Guerre. Elle imagine tout d'abord la vie plus heureuse qu'ils auraient pu bâtir si la guerre n'avait pas eu lieu, avant de se livrer à un examen cinglant de leur couple tel qu'il fut en réalité dans l'ombre pesante de cette guerre. « Aujourd'hui encore, je m'efforce d'échapper à cet héritage monstrueux, pour être enfin libre », confie Doris Lessing. Avec Alfred et Emily, c'est très exactement ce qu'elle fait, et de manière éclatante
."

c'est un livre écrit en deux parties, la première, sorte d'acte d'amour offrant à ses parents la vie qu'elle aurait aimé les voir vivre (mais elle ne serait alors jamais venue nous la raconter), paradoxalement écrite de façon relativement sèche ... et la seconde partie, écrite de manière plus fluide mais sans concession vis-à-vis de sa mère, nous faisant prendre conscience de ce qu'ont pu être les vies des colons en afrique juste après la première guerre mondiale

au final de bien belles pages !

"Ma mère avait rapporté de Perse un drap qu'elle étendit sur une petite table, où il disparut bientôt sous les livres et les bibelots. Cependant, les bordures demeurèrent visibles. Le drap était en coton, kaki, mais la bordure était cousue de petites figures aux couleurs à la fois délicates et éclatantes. Je m'asseyais et m'émerveillais des motifs que j'avais juste sous les yeux. Un âne, suivi d'un garçon armé d'un bâton... un homme vêtu d'une longue robe et coiffé d'un hideux chapeau noir... un arbre aux minuscules fruits rouges... un rosier... une femme dont la tête était enveloppée dans une sorte de châle noir... un serpent - il n'y avait pas de doute - qui dardait une langue écarlate... un gros oiseau noir... mais si je faisais le tour de l'étoffe touchant presque le sol, je finissais par retrouver l'âne, noir cette fois, et l'oiseau, qui au contraire était devenu blanc."

mardi 29 mars 2011

qu'elle aille au diable, meryl streep ! de rachid el-daïf

encore un livre que j'ai rapporté du salon du livre ! il s'agit de qu'elle aille au diable, meryl streep ! de rachid el-daïf

je me suis laissée tenter par la quatrième de couverture :

"Zappant devant le superbe téléviseur qu'il vient de s'offrir - ou plutôt d'offrir à sa femme -, un Libanais tombe sur le film Kramer contre Kramer et comprend, malgré son anglais approximatif, que le personnage joué par Meryl Streep est en train de quitter son mari. Cette scène le renvoie soudain à la réalité de son propre couple, dont le mariage avait été arrangé par une tante, et il s'interroge. Pourquoi son épouse va-t-elle si régulièrement dormir chez ses parents ? Censément vierge au moment de leur union, comment en sait-elle autant sur la sexualité masculine ? Quelle a été, avant leur rencontre, la vie de cette femme dont il ne sait finalement pas grand-chose et qui lui échappe chaque jour un peu plus ?

Jamais sans doute un romancier arabe n'avait traité les questions du couple et de la sexualité d'une façon aussi directe et décomplexée, pleine d'humour. Le mariage apparaît comme une institution mise à rude épreuve par la modernité, qui creuse le gouffre entre les images occidentales véhiculées par les médias et la tradition. En assumant ou en feignant d'assumer cette modernité, la femme démontre à l'homme à quel point il reste incapable d'en faire autant.
"

en me disant que le résumé était intéressant et que c'était peut être le moyen de mieux comprendre les hommes (et les femmes) de culture arabe ... sauf que ...

sauf que contrairement à ce qui était annoncé, je n'ai relevé aucun humour dans ce livre que j'ai trouvé vulgaire et dégradant tant pour les hommes que pour les femmes !

le livre est terriblement cru, les relations du couple sordides et je n'ai éprouvé que du dégoût en le lisant

samedi 26 mars 2011

l'élégance des veuves de alice ferney

de ma visite au salon du livre, j'ai rapporté, notamment l'élégance des veuves de alice ferney

"Au rythme des faire-part de naissances et de mort, voici la chronique de destins féminins dans la société bourgeoise du début du XXe siècle. Fiançailles, mariages, enfantements, décès… le cycle ne s’arrête jamais, car le ventre fécond des femmes sait combler la perte des êtres chers. C’est avec l’élégance du renoncement que l’on transmet ici, de mère en fille, les secrets de chair et de sang, comme si la mort pouvait se dissoudre dans le renoncement."

j'aime l'écriture ciselée et sensible de cette femme, j'ai déjà apprécié d'elle la conversation amoureuse, dans la guerre ainsi que les autres et là, encore une fois, je n'ai pas été déçue

je pense par contre qu'il faut être une femme pour aimer ce livre tout en finesse et en non-dit

on s'attachera davantage à l'énonciation du prénom de tous ces enfants, promesses d'un futur que leur mère ne connaîtra pas forcément, qu'à leur personnalité elle-même ... la vie était courte et semée d'embûche à cette époque pas si lointaine puisque valentine aurait pu être ma grand-mère ...

un livre à humer comme un bouquet de violette oublié au fond d'un tiroir de mouchoirs de dentelle

lundi 21 mars 2011

blog-o-book : totally killer de greg olear

merci à bob et merci à gallmeister de m'avoir permis de découvrir totally killer de greg olear

la quatrième de couverture : "Greg Olear est né en 1972 à Madison, dans le New Jersey. Il a effectué ses études à l'université de Georgetown, où il a suivi des cours de théâtre. Totally Killer est son premier roman. Il travaille actuellement à son second livre, intitulé Fathermucker.

New York, 1991. La belle et ambitieuse Taylor Schmidt, fraîchement diplômée d'une université du Missouri, débarque dans la Grosse Pomme à la recherche d'un job et du grand amour. Crise économique oblige, elle erre de bureau de placement en bureau de placement, jusqu'à ce qu'une mystérieuse agence lui propose "le job pour lequel on tuerait". Deux jours plus tard, Taylor se retrouve jeune éditrice d'une maison d'édition new-yorkaise et découvre avec effroi le prix à payer : elle va effectivement devoir assassiner quelqu'un.

Théorie du complot et culture pop se mélangent dans ce roman politiquement incorrect à l'humour noir décapant qui tient à la fois de la satire grinçante et du thriller paranoïaque. Totally Killer est le premier roman brillant et palpitant de toute une génération.

Un roman intelligent, surprenant et d'un humour féroce.
BRAD LISTI
"

le livre commence ainsi

"JE N'AI JAMAIS AIMÉ TAYLOR SCHMIDT. Malgré tout ce que vous avez pu entendre dire.
L'amour est quelque chose de plus pur que cet alliage brut de désir, de fascination et de pitié dont étaient faits mes sentiments à son égard. On ne peut pas transformer les métaux vils en or, tout brillants qu'ils puissent être.
Cela dit, à défaut de jamais la pardonner, je peux comprendre une telle confusion. Il faut dire quelle me faisait sacrement bander. Même encore aujourd'hui, et ça fait dix-huit ans quelle est morte.
"

et se termine sur

"Le souvenir de Taylor, objet de mon désir, de ma pitié, de mon obsession et, par dessus-tout, de mon amour."

ce qui est un peu contradictoire avec l'affirmation en tout début de livre

pour comprendre ce qui semble au premier abord être une incohérence il vous faudra lire ce gros bouquin de 300 pages (que j'ai dévoré en 3 jours), publié chez gallmeister

j'y ai vu un roman d'amour et de haine doublé d'une théorie du complot (ou l'inverse) qui met en évidence les raisons de certains faits demeurés inexpliqués jusqu'à ce jour !

"La meilleure façon de dissimuler quelque chose, c'est d'écrire un livre dessus, ou de faire un film - présenter la réalité sous forme de fiction. Tu as déjà vu cette nouvelle série, X-Files, aux frontières du réel ? Celle qui parle d'extra-terrestres ? La moitié des conneries dans cette série est la stricte vérité. Mais si un journaliste publiait la vérité aujourd'hui, les gens diraient : "Ça peut pas être vrai, on a déjà vu ça dans X-Files." tu piges ?"

c'est intelligent, bien ficelé, bien écrit/bien traduit, on se sent faire corps et vibrer avec le narrateur et on a très envie de voir ça un jour au cinéma

mardi 8 mars 2011

mort sans témoin de patrick laing (circul'livre)

mort sans témoin de patrick laing

il s'agit d'un polar édité par le masque dans les années 1950

un jeune savant réussit à capter l'énergie cosmique ce qui permettra aux hommes de ne plus avoir à travailler

il invite diverses personnes au cours d'un week-end afin de voir comment utiliser cette possibilité ce qui lui vaudra d'être assassiné : pourquoi ? par qui ?

pour mémoire, l'opération circul'livre, c'est ça circul'livre

treize à la douzaine de ernestine et frank gilbreth (circul'livre)

treize à la douzaine de ernestine et frank gilbreth

"Douze enfants, six garçons et six filles ! Et pas de place pour l'improvisation : Papa est ingénieur, spécialiste du rendement, et s'efforce d'appliquer chez lui les méthodes éprouvées à l'usine. Des vues très modernes sur l'éducation des enfants (nous ne sommes qu'au début du XXe siècle). La bonne humeur est toujours présente dans cette joyeuse famille, où la démocratie n'est pas un vain mot ! "

je pense que tout le monde ou presque a lu ce livre dans son enfance, en tout cas toujours aussi amusant de lire cette histoire racontée de façon enlevée par deux des enfants d'une famille nombreuse américaine au début du 20ème siècle

pour mémoire, l'opération circul'livre, c'est ça circul'livre

à bas la nuit ! de adrien goetz (circul'ivre)

à bas la nuit! de adrien goetz

la quatrième de couverture nous allèche en indiquant :

"La femme la plus riche d'Europe, excentrique et imprévisible, a décidé de léguer sa collection de tableaux et sa fortune à un jeune inconnu, un beur né en banlieue. Qui est ce Maher? Des galeries aux musées, le monde de l'art prétend connaître ses secrets.

Un couple de conservateurs de musée le rencontre lors d'une fête à Florence. Sa fiancée Jeanne est enlevée sous leurs yeux. Rançon: sept tableaux de la collection, étrangement liés entre eux. Une traque s'engage, entre l'Italie, la Suisse, un château en Auvergne et une île du Pacifique. Les vrais héros de cette intrigue sont-ils Uccello, Le Caravage ou Maher? Qui percera le mystère de ce Gatsby moderne?
"

en fait je n'ai pas été réellement convaincue par ce livre, même si j'ai trouvé passionnant l'aspect musée et collections privées

ça pourrait être un polar mais on ne s'intéresse pas vraiment à l'enquête et son aboutissement ne m'a guère satisfaite de même que j'ai trouvé de peu d'intérêt ce jeune couple de conservateurs de musée et si l'on nous dit qu'on découvrira en fin de volume la véritable identité de maher, je n'ai pourtant pas eu l'impression de savoir qui il était vraiment (m'avait-on d'ailleurs donné envie de savoir qui il était ?)

un livre un peu comme un rêve ou un nuage de fumée, dont il reste peu de chose une fois qu'on la refermé

pour mémoire, l'opération circul'livre, c'est ça circul'livre

sans sang d'alessandro baricco (circul'ivre)

sans sang d'alessandro baricco
la 4ème de couverture nous donne à lire les premiers paragraphes de ce court roman :
"Dans la campagne, la vieille ferme de Mato Rujo demeurait aveugle, sculptée en noir contre la lumière du crépuscule. Seule tache clans le profil évidé de la plaine. Les quatre hommes arrivèrent dans une vieille Mercedes. La route était sèche et creusée - pauvre route de campagne. De la ferme, Manuel Roca les vit. Il s'approcha de la fenêtre. D'abord il vit la colonne de poussière s'élever au-dessus de la ligne des maïs. Puis il entendit le bruit du moteur. Plus personne n'avait de voiture, dans le coin. Manuel Roca le savait. Il vit la Mercedes apparaître au loin puis se perdre derrière une rangée de chênes. Ensuite il ne regarda plus. Il revint vers la table et mit la main sur la tête de sa fille. Lève-toi, lui dit-il. Il prit une clé dans sa poche, la posa sur la table et fit un signe de tête à son fils. Tout de suite dit son fils. C'étaient des enfants, deux enfants."

ce court roman se lit d'une seule traite tellement il est passionnant et nous tient en haleine et il est magnifiquement écrit (et superbement bien traduit)

il est composé de deux parties, la première où l'on découvre qui est cette petite fille, que l'on retrouvera beaucoup plus tard et vieillissante, dans la seconde

une bien belle histoire de vie, et une histoire d'amour(s)

pour mémoire, l'opération circul'livre, c'est ça circul'livre

mercredi 2 février 2011

blog-o-book : les taupes de félix bruzzone



merci à bob de m'avoir permis de découvrir les taupes de félix bruzzone et merci à asphalte pour cette nouvelle lecture

la quatrième de couverture nous dit "La dérive d’un fils de disparus de la dictature argentine, balloté entre une grand-mère persuadée que sa fille lui a donné un autre petit-fils en détention, une petite amie avec laquelle il n’arrive plus à communiquer et un mystérieux travesti dont il tombe amoureux, Maïra.

Ce récit paranoïaque et surréaliste, à bout de souffle, nous entraîne de Buenos Aires à Bariloche, au pied des Andes, dans la quête initiatique troublante, politiquement incorrecte et souvent drôle d’un narrateur désabusé, à la recherche de son passé et de son identité sexuelle.

"Les Taupes ressemble à un film de Wes Anderson, ou la légèreté de l'absurde pop se couvre de mélancolie, mais traversé par des flashes oniriques dignes du cinéma japonais le plus violent." Crítica de la Argentina
"

il s’agit d’un livre qui commence quasiment "normalement" : la grand-mère du narrateur est persuadée que sa fille lui a donné un autre petit fils pendant de sa détention lors de la dictature argentine

c’est tout à fait plausible, nombre de personnes ont alors disparues et une foultitude d’horreurs ont été commises pendant cette période …

donc le livre commence "normalement", à peu près jusqu’au moment où le narrateur nous révèle que sa petite amie (romina) est tombée enceinte alors que leur histoire d’amour commençait à battre de l’aile

en fait on ne sait pas trop si la petite amie est bien enceinte de lui, ou si le sursaut de désir juste avant l’annonce de cette grossesse n’a eu lieu que pour noyer une paternité incertaine, mais ça n’est pas vraiment le sujet de l’histoire …

le narrateur se détache de romina et commence une autre histoire d'amour, plus bizarre, plus ambiguë, avec une fille qui vit de ses charmes

peu à peu, on se rend compte que cette fille est en fait un travesti et que le narrateur est bisexuel

puis le narrateur commence à prendre conscience que ce travesti ne lui dit pas tout et qu’apparemment il s’agirait d’un tueur, et lui-même croit être suivi

entre temps sa grand-mère décède, l’appartement où il vivait avec elle est vendu et il cherche un nouveau lieu pour y vivre ainsi que pour perdurer l’entreprise de fabrication de gâteaux de sa grand-mère … mais il est éjecté de ce lieu par les ouvriers qu’il payait pour le restaurer

on se dit alors que décidément le sort s’acharne sur notre narrateur …

il part ensuite à la recherche de son ami travesti qu’il soupçonne être son frère disparu : d’ailleurs ils se ressemblent …

on ne sait plus trop si le narrateur est en quête de ce frère, ou bien en quête de lui-même, d’ailleurs, ce frère disparu n’est-il pas lui-même, ou un double de lui-même ?

qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux dans cette histoire qui commence "normalement" et s’achève sans une fin réelle ?

une histoire de double, de gémellité, de sadisme, d’amour, et de sexe !

en conclusion, un livre glauque à souhait avec des passages d’une curieuse et étonnante beauté, comme :

"Enfin si, mais la sensation n’était pas douloureuse, bien au contraire, paradis de perles blanches, gouttes tombant comme des plumes, lentilles de lumière qui se désintègrent en touchant le sol, en me touchant, mais qui aussitôt recommencent à se former et à rebondir en tout sens pendant qu’elles se consument en un sonore crépitement lointain. Jusqu’au moment où les petites lumières se sont concentrées sur ma nuque, denses comme des galets, et d’un coup ont dégringolé tout le long de mon dos avant de rester là, éparpillées de tous côtés, tremblantes, dents de quartz, aimants géants, et là El Alemán, épuisé, a joui."