"Un enfant de quatre ans, en provoquant accidentellement la mort de son cousin, déclenche une série de vengeances qui anéantira une famille entière. Un jeune lettré, candidat aux examens impériaux, qui traverse sur son chemin une ville florissante et y rencontre, comme en rêve, une merveilleuse jeune fille, retrouve quelques années plus tard une terre dévastée, en proie à la famine, et la jeune femme transformée en viande de boucherie... Un personnage à l'identité incertaine nous parle d'une présence féminine qui le hante, peut-être celle de Yang Liu, la jeune fille morte en lui léguant ses yeux... Dans un café, deux hommes ont assisté à un meurtre. Leur relation épistolaire, nourrie d'hypothèses sur les mobiles de ce crime, s'achèvera en tragédie...
Oniriques et cauchemardesques, ces " petits romans " où se devine parfois l'influence de Kafka ou de Borgès ont fait connaître Yu Hua dès la fin des années 1980. Ecrits au lendemain d'une période dramatique de l'histoire chinoise qu'ils désignent sans la nommer, ils allient la puissance de l'imaginaire à la profondeur de la réflexion métaphysique, et proposent une vision fantastique et troublante de la Chine contemporaine." (4ème de couverture)
j'avoue ne pas avoir tout compris de ce recueil de 4 courts romans (ou 4 longues fables) mais j'ai été scotchée par l'écriture magnifique -on a souvent l'impression d'admirer un tableau :
Liu Sheng marchait sur une grande route jaune. Il se rendait à la capitale pour se présenter aux examens du mandarinat. Il portait une robe de toile vert sombre plissée dans le bas, un petit chapeau délavé et une ceinture de soie vert foncé nouée autour de la taille. On eût dit un arbre couleur émeraude déambulant sur la grande route jaune. C'était le printemps et, à perte de vue, pêchers et saules rivalisaient de splendeur parmi les champs de mûriers et de chanvre. Des chaumières entourées de haies de bambous s'éparpillaient de tous côtés dans la campagne. Un soleil radieux s'élevait haut dans le ciel et ses innombrables rayons d'or, comme des fils de soie sur un métier à tisser, se déployaient dans un ordre parfait.- et terrible
Ayant perdu son enveloppe cutanée, le tissu adipeux jaune d'or s'épancha. Tout d'abord, il se gonfla légèrement comme du coton, puis commença à s'écouler, se dispersant dans tous les sens comme de la boue. Alors les médecins eurent l'impression de voir le champ de colza sous le soleil qu'ils avaient aperçu à l'entrée peu de temps auparavant.même si j'ai été bouleversée par l'horreur narrée et perdue dans les métaphores probables ...
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